Neuf Telecom frappe un grand coup sur le marché de la téléphonie sur Internet. Disponible en version bêta depuis le début de l'année, le logiciel d'appel de sa filiale Wengo a été officiellement présenté hier. A l'image du fameux Skype, Wengo permet de passer des appels depuis son PC vers un téléphone fixe ou mobile, ou, grâce à la "Wenbox", un boîtier à installer sur son combiné, depuis son téléphone vers un autre téléphone.

Deux options sont proposées : un forfait de 6 euros par mois pour des appels locaux et nationaux illimités (et 14 euros supplémentaires pour deux heures d'appel vers les mobiles et 20 SMS) ou une facturation à un centime la minute en France. Pour les appels entre deux utilisateurs de Wengo, les communications sont gratuites.

Wengo est une filiale de Neuf Telecom, créée pour le développement de la marque sur la VoIP. A l'origine de l'histoire : les quatre fondateurs du FAI Oreka , qui travaillent sur le projet depuis neuf mois. David Bitton, directeur général de Wengo, explique que "le but était d'avoir dans notre capital un acteur télécom pérenne".

Ce qui donnera peut-être des idées aux autres opérateurs... Car si Wengo est détenu par Neuf, il est utilisable par les clients de tous les opérateurs. Neuf Telecom a donc senti l'opportunité d'élargir sa base clients. De quoi redistribuer les cartes sur un marché en pleine ébullition.

De plus, l'investissement a été relativement faible : 2,5 millions d'euros au total pour le lancement de la filiale qui emploie une quinzaine de personnes et a choisi d'externaliser son développement, sa communication ou encore l'exploitation de son service.

Pour David Bitton, la naissance de Wengo est "le fruit d'une vraie réflexion sur l'orientation du marché de la téléphonie. L'IP devient la technologie unique de transport et l'on peut maîtriser les services sans détenir la totalité des infrastructures, sans se préoccuper du réseau. Les opérateurs se battent pour le contrôle de la boucle locale, ce qui laisse la place à de petits acteurs comme nous."

L'objectif de Wengo est, dans un premier temps, de capter 40 à 50.000 clients payants, d'ici la fin de l'année. Skype, le logiciel développé par Kazaa et qui utilise les réseaux peer-to-peer, revendique 15 millions d'utilisateurs et 400.000 clients payants. C'est d'ailleurs un modèle à suivre pour Wengo. "Skype a fait beaucoup de bien au marché, ils montrent que l'on ne doit pas être pris à la légère et que l'on peut attirer du monde avec des structures légères", affirme David Bitton.

Wengo est développé en open source et compte communiquer avant tout sur cette communauté, à la différence de Skype qui s'est fait connaître par le peer-to-peer. Cela nourrit également des ambitions internationales : la filiale de Neuf lancera son logiciel dans plusieurs langues au mois de mars et compte bien séduire un grand nombre de clients internationaux.

Il est trop tôt pour tirer un premier bilan de la version test du logiciel, disponible depuis quelques jours sur le site. Wengo annonce un millier d'inscrits, dont 67 % de payants. "Les premiers retours sont intéressants, se réjouit David Bitton. Ce qui fait plaisir, c'est que les gens nous disent que c'est exactement le service qu'ils attendaient."

Le nouvel acteur devra toutefois régler quelques difficultés techniques, constatées durant cette phase de test. La direction concède quelques bugs dans le logiciel, surtout lors d'appels entrants, une forte consommation de bande passante, qui devrait être en partie réglée par la version Wengo 1.0 et l'introduction de nouveaux Codec en février, et des améliorations à apporter à la Wenbox.

Pour l'instant, celle-ci ne fonctionne qu'avec le PC allumé. En mars, la deuxième version du boîtier devrait être lancée.

D'autres projets sont annoncés, avec la visiophonie, également pour le mois de mars, et d'autres services (chat, annuaire) inclus dans Wengo 1.0.

Source:Le journal du net