Quand on habite dans une grande ville ou à proximité de celle-ci, il n’est généralement pas bien compliqué d’accéder à Internet en haut débit, via l’ADSL ou le câble… Il en est tout autrement d’une grande partie du territoire, soit pour cause d’enclavement, soit parce que le ratio coût d’équipement / population concernée est trop « défavorable » à l’Opérateur Historique.
Dès lors, les habitants de ces contrées défavorisées (une fracture numérique qui s’ajoute souvent à une fracture sociale et économique) ne peuvent surfer sur le Web qu’au pas de l’oie ou à la vitesse d’une tortue asthmatique, via leur prise téléphonique analogique (RTC). La solution pourrait venir non d’investissements supplémentaires dans l’ADSL, qui continue et continuera d’utiliser le réseau filaire existant, mais qui présente la contrainte d’obliger les utilisateurs à se trouver à proximité immédiate d’un répartiteur téléphonique. Mais du WiMAX.

La technologie WiMAX – Worldwide Interoperability for Microwave Acess - propose une émission hertzienne des données (liaisons fixes point à point) sous la norme IEEE 802.16d validée en 2001. WiMAX s’insère donc dans la fameuse BLR (Boucle Locale Radio) équivalent du R-WAN – Radio Wide Area Network concurrent technique du R-LAN utilisé pour le Wi-Fi. Cette normalisation n’est toutefois pas encore validée par l’IEEE – Institute of Electrical Electronic Engineers - et, bien malheureusement, les dernières nouvelles font état de retards sur la certification des matériels qui pourraient bien repousser la validation des équipements à la fin de l’année 2005 au lieu de l’été comme cela était prévu initialement. L’installation consiste dans la mise en place de relais (antennes émettrices) d’une portée à plat - théorique - de 45 Km, plus généralement d’une vingtaine de kilomètres. Comme il s’agit, bien entendu, de fréquences privées, l’adoption de cette solution exige un abonnement pour son utilisation. L’équipement en réception consiste en une antenne (de type râteau, mais de petite taille) en lien et place de la prise téléphonique et du modem.

Une offre complète

L’un des atouts de WiMAX est qu’il supporte la gestion de postes clients. Ainsi plusieurs terminaux peuvent tout à fait se brancher sur une seule antenne de réception : ils partagent alors l’accès ainsi que sa bande passante. La liaison est sécurisée par un protocole baptisé AES – pour Advanced Encryption Standard, le même que le Wi-Fi 802.11i. Et plus qu’un concurrent des autres technologies en place, il faut comprendre le WiMAX comme un véritable complément. Le schéma ci-dessous permet de vérifier comment le WiMAX s’intercale entre les autres normes de diffusion.

WiMAX permet d’accéder à l’ensemble des services IP (Internet, VPN, voix). Comment compte t’il se développer en France ? Principalement via les départements ou les régions à faible / moyenne densité de population, mais qui souhaitent néanmoins offrir à leur population (particuliers et entreprises) un moyen de communication Internet haut débit. Le WiMAX est actuellement commercialisé sur des tranches symétriques ou asymétriques de 1 ou 2 Mégabits par seconde mais sa capacité s’étend sans aucun problème jusqu’à 8 mégas et en théorie il peut atteindre 70 mégas !

Qui fait quoi ?

Pour mieux apprécier les tenants et aboutissements de la technologie WiMAX, le conseil général de Vendée, Intel et Altitude Telecom nous ont invité à La Roche / Yon (Vendée) afin de voir en situation réelle une ville et un région en finalisation de mise en place d’un réseau WiMAX. Pourquoi Intel ? Tout simplement parce que les prochaines évolutions de Centrino incorporeront la norme IEEE 802.16d (puce Rosedale), c'est-à-dire le WiMAX… La mise en place en série de cette compatibilité n’est toutefois pas prévue avant fin 2005 / courant 2006. Pourquoi Altitude Telecom ? Tout simplement parce que c’est la société qui à l’exclusivité de la licence 3.5 GHz en France, nécessaire pour le développement de WiMAX sachant que les attributions se font au compte-gouttes par l’ART, l’Autorité de Régulation des Télécommunications, compétente en la matière. Pourquoi la Vendée ? C’est l’un des exemples les plus probants d’une démarche politique aboutissant à un plan de financement global de nature à couvrir la totalité d’un département (99% de la surface du département de la Vendée doit être couvert).

Coût estimé du choix WiMAX effectué par la Vendée : 12 millions d’euros, soit sensiblement moins qu’une solution filaire. De ces douze millions, cinq iront à Altitude Telecom, l’opérateur en charge du développement technique mais aussi de la commercialisation des abonnements. Les autres millions iront à France Télécom pour compléter la couverture ADSL, mais aussi vers Neuf Telecom pour le développement autour de La Roche / Yon d’une réseau de fibres optiques. Bruno Retailleau, le vice-président du Conseil Général de Vendée (et complice de longue date de Philippe De Villiers) a présenté devant la presse réunie son plan de « désenclavement numérique ». Il a beaucoup insisté sur la complémentarité technologies/opérateurs. Le choix du WiMAX, a aussi été guidé par des questions de délais, la pose de relais étant sensiblement plus simple et plus rapide qu’un enterrement de brins optiques.

Nous l’avons vu, la possibilité d’une couverture totale, y compris en l’espèce de deux îles (de Noirmoutier et d’Yeu) aura été sans aucun doute l’argument décisif, sans oublier que le WiMAX est, selon ses promoteurs, une technologie évolutive (portée, débit, mobilité…).

Les abonnements

Au cours du premier semestre 2005, ce sont principalement les entreprises qui ont souscrit aux abonnements WiMAX. Les premiers abonnements mensuels pour les particuliers seront proposés au prix de 39 euros pour un débit symétrique de 1 megabit. Altitude Telecom a toutefois prévu une baisse du prix des abonnements, mais pas avant 2006 / 2007. Autre possibilité, ce qu’Altitude Telecom appelle le « Double Play », à savoir un abonnement Internet proposant également un service de téléphonie sur IP, le prix montant alors à 45 euros. A ce tarif mensuel, il faut ajouter une caution de 150 euros pour l’antenne, qui est « offerte » moyennant un contrat d’abonnement de deux ans. Dans l’immédiat, la pose de l’antenne sur le toit est exclusivement confiée à un installateur agréé, le même du reste que celui qui commercialise l’abonnement satellite. Dans un futur proche, des antennes « prêtes à poser » devraient aussi être proposées au prix moyen de 200 euros. Enfin, une solution collective est prévue (un peu à l’instar des câblo-opérateurs), mais elle doit alors être négociée avec Altitude Telecom, aucun tarif – même indicatif - n’ayant été communiqué à ce sujet.

Quel avenir pour le WiMAX ?

L’avenir du WiMAX passe d’abord par la normalisation des matériels utilisés et l’adaptation d’une offre logicielle (d’origine Intel). Cela semble pour l’instant problématique, maints fabricants OEM n’ayant pas respecté leur planning. Altitude Telecom, par la voix de son PDG Jean Paul Rivière, estime en tous cas le potentiel français à 100 000 abonnés d’ici 2007. Dans l’immédiat, seuls deux départements sont effectivement « passés à l’acte » : à savoir l’Orne et la Vendée. Le Calvados et l’Hérault vont être les deux prochains concernés. Jean Paul Rivière assure que l’intérêt des départements français est réel, puisque un département sur deux aurait lancé une procédure d’aide pour la mise en place d’un réseau haut débit. L’avenir du WiWAX passe également par une fiabilité totale de la technologie, ce qui semble être le cas aujourd’hui à en croire les premières entreprises utilisatrices. Quand bien même les équipements, nous l’avons vu, ne peuvent se targuer d’aucune certification à ce jour.

WiMAX est, comme nous l’a précisé Bruno Retailleau, un moyen rapide, fiable et finalement peu onéreux pour procéder dans de bonnes conditions au « désenclavement numérique » d’un département. C’est aussi un moyen évident et efficace de communication en haut débit, tant pour les particuliers que pour les entreprises, très demandeuses en la matière … Reste cependant le problème épineux de la finalisation des certifications et celui d’une commercialisation paisible dans les départements déjà équipés afin d’espérer à brève échéance une baisse substantielle du prix des abonnements, qui – ne nous leurrons pas - vont rester pendant plusieurs mois encore bien au dessus du tarif moyen des abonnes ADSL (la concurrence féroce tire les prix vers le bas, c’est bien connu ….). Comme toujours, la liberté de communication à un prix ! Pour ce prix, le WiMAX promet d’en faire un max…

Source : dvdcritiques.com

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